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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/181

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LA FIÈVRE D’OR.

l’homme le plus fort a toujours été le jouet de la femme la plus simple lorsque celle-ci a voulu s’en donner la peine.

Quelques minutes plus tard, doña Angela rejoignit son père dans le cuarto qui servait de salle à manger.

Le majordome était arrivé, le général n’attendait, plus que la présence de sa fille pour se mettre à table.

Ce majordome, déjà connu du lecteur, n’était autre que le capitaine don Isidro Vargas, qui avait accepté cette place comme retraite.

Les haciendas mexicaines, surtout en Sonora, ont parfois huit et dix lieues d’étendue. Pour surveiller un aussi grand espace de terrain, sur lequel paissent en liberté d’immenses troupes de chevaux sauvages et de grands troupeaux de bestiaux, on prend ordinairement un homme jeune, robuste et actif, ce qu’on appelle dans le pays un hombre de a caballo. En effet, le métier de majordome est excessivement dur ; il faut être constamment à cheval, galopant jour et nuit, au froid et au chaud, faisant tout et voyant tout par soi-même, obligeant à travailler les péones qui sont les individus les plus paresseux qui existent et les plus voleurs que l’on puisse imaginer.

Don Isidro n’était pas jeune, tant s’en fallait ; à l’époque où nous le remettons en scène, il avait près de soixante-dix ans ; mais cet homme long et maigre sur les os duquel une peau jaune et sèche comme du parchemin semblait collée, était aussi droit et aussi vigoureux que s’il n’eût eu que trente ans ; l’âge n’avait pas de prise sur cette organisation d’é-