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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/182

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LA FIÈVRE D’OR.

lite, composée seulement de muscles et de nerfs.

Aussi, par sa vigilance continuelle, son infatigable ardeur et son énergie peu commune, faisait-il le désespoir des pauvres diables que leur mauvais destin avait placés sous ses ordres, et qui n’étaient pas éloignés de supposer que leur majordome avait fait un pacte avec le démon, tant il les surveillait de près et se tenait au courant de leurs moindres faits et gestes.

Le majordome avait conservé ses botas vaqueras et ces éperons aux énormes molettes qui obligent à marcher sur la pointe du pied ; son zarapé et son chapeau en poil de vigogne étaient négligemment jetés dans un coin sur une butacca, et à son côté gauche, passé dans un anneau de fer, pendait un machete sans fourreau.

Aussitôt qu’il aperçut la jeune fille, il s’approcha d’elle, lui souhaita le bonjour et l’embrassa affectueusement.

Le capitaine avait vu naître doña Angela, il l’aimait comme sa fille ; celle-ci, de son côté, avait une grande amitié pour le vieux soldat, avec lequel elle avait joué étant enfant, et qu’elle se plaisait encore à taquiner, ce à quoi le digne mayordomo se prêtait de la meilleure grâce du monde.

On se mit à table.

Cette expression est un peu prétentieuse lorsqu’il s’agit d’un déjeuner mexicain.

Nous avons déjà fait observer souvent que les Hispanos-Américains sont les gens les plus sobres du monde ; la moindre chose leur suffit Ainsi le déjeuner en question ne se composait que d’une toute petite tasse ou jijara, de cet excellent