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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/187

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LA FIÈVRE D’OR.

Cette fois, la jeune fille rougit réellement et se recula toute confuse.

Don Sebastian fit un signe à un peon qui se tenait respectueusement à quelques pas.

— Gregorio, dit-il, allez présenter aux señores don Luis et don Cornelio les compliments du général don Sebastian Guerrero, et priez-les de lui faire l’honneur d’une visite. Vous m’avez compris ?

Le peon s’inclina sans répondre et sortit.

— Il faut être poli avec ces gens, observa le général ; maintenant que la découverte des placeres californiens a bouleversé toutes les classes de la société, qui sait à qui nous sommes exposés à avoir affaire ?

Et il accompagna cette remarque d’un rire railleur, auquel le capitaine, en digne Mexicain qu’il était, fit bruyamment chorus.

Nous ferons observer, en passant, que le général Guerrero, ainsi que la plupart de ses compatriotes, professait la haine la plus invétérée contre les Européens, haine que du reste rien ne justifiait, si ce n’est cette supériorité que les créoles ont été obligés de reconnaître aux Européens, supériorité qu’ils subissent en frémissant, mais devant laquelle ils sont contraints malgré eux de se courber.

Plusieurs minutes s’écoulèrent. Enfin le péon rentra.

— Eh bien ? lui demanda le général.

— Seigneurie, lui répondit respectueusement le peon, ces caballeros vont avoir l’honneur de se rendre aux ordres de Votre Excellence. Ils me suivent.

— Très-bien ! servez une bouteille de refino de