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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/186

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LA FIÈVRE D’OR.

— Mais oui, mon père.

— Pardonnez-moi. Voyons, Violants, mon enfant, pouvez-vous nous dire le nom de cet homme ?

La jeune fille s’approcha en baissant les yeux et tortillant entre ses doigts, d’un air embarrassé, les bouts de son fin tablier de batiste. Il était évident qu’elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour rougir.

Le général attendit vainement sa réponse pendant plusieurs minutes ; enfin, la patience lui échappa :

— Voyons, petite sotte, s’écria-t-il, vous déciderez-vous à parler, oui ou non ? Ne dirait-on pas que je vous adresse une de ces questions auxquelles une jeune fille ne saurait répondre ?

— Je ne dis pas cela, général, fit-elle avec hésitation.

— Assez de simagrées comme cela ; comment se nomme le propriétaire de ce ganado ?

— Ils sont deux, général.

— Quels sont leurs noms alors ?

— L’un est Français, l’autre est Espagnol, seigneurie.

— Eh ! que m’importe de quel pays sont ces drôles ? c’est leur nom seul que je veux savoir.

— Le premier se nomme don Cornelio.

— Et l’autre ?

— Don Luis.

— Mais ils ont d’autres noms que ceux là ?

Violanta échangea un rapide coup d’œil avec sa maîtresse.

— Je les ignore, dit-elle.

— Hum ! fit le général d’un ton railleur, il paraît que vous ne connaissez les gens que sous leur nom de baptême ; c’est bon à savoir.