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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/194

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LA FIÈVRE D’OR.

— Je suis son frère de lait.

— Il ne doit pas avoir de secrets pour vous ?

— Je ne le crois pas.

— Bien.

— Ah çà ! s’écria le général, mais ceci devient intolérable ; que signifie cet interrogatoire que vous faites subir à ce caballero, et auquel il a la bonté de se prêter si complaisamment ? Vive Dieu ! Niña, je demande pardon pour vous à ce señor, car votre conduite à son égard est inqualifiable.

— Qu’a-t-elle donc de choquant, mon père, mon intention est bonne, et je suis certaine que vous-même en conviendrez lorsque vous saurez pourquoi j’ai adressé à ce caballero ces questions si simples, et qui cependant vous paraissent si extraordinaires.

— Eh bien ! voyons, quelle est cette raison ?

— La voici : il y a trois ans, lors du voyage que vous fîtes de Guadalajara au Tepic, n’avez-vous pas été, à un endroit nommé le Mal paso, attaqué par des salteadores ?

— En effet, mais qu’a de commun, je vous prie…

— Attendez, fit-elle gaiement, deux hommes arrivèrent à votre secours.

— Oui, et je n’ai pas honte, d’avouer que, sans eux, j’aurais probablement été non-seulement dévalisé, mais encore assassiné par les bandits ; malheureusement ces hommes refusèrent obstinément de me faire connaître leurs noms. Toutes mes recherches jusqu’à présent ont été infructueuses, je n’ai pu les retrouver, et par conséquent leur prouver ma reconnaissance, ce qui, je vous le jure, me chagrine fort.

— Oui, mon père, je sais que souvent devant