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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/196

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LA FIÈVRE D’OR.

dez l’homme que voilà, ajouta-t-elle en désignant l’Espagnol, ne reconnaissez-vous pas don Cornelio, notre ancien compagnon de voyage, qui chantait continuellement, en s’accompagnant sur la jarana, le romance del rey Rodrigo ?

Le général examina attentivement le jeune homme.

— C’est vrai, dit-il au bout d’un instant, je reconnais à présent ce caballero, que j’ai abandonné blessé, sur sa prière, entre les mains de mon généreux libérateur.

— Que je n’ai plus quitté depuis, appuya don Cornelio.

— Ah ! fit le général ; mais pourquoi cette obstination de dm Luis à ne vouloir pas se faire connaître ? Croyait-il donc que pour moi la reconnaissance serait un poids trop lourd à porter ?

— Ne supposez pas une idée semblable à mon ami, général, s’écria vivement Valentin ; don Luis a cru et il croit encore que le service qu’il vous a rendu était trop minime pour y attacher une aussi grande importance.

Caspita ! lorsqu’il m’a sauvé l’honneur ! Mais maintenant, je le connais, il ne m’échappera pas plus longtemps ; je saurai bien le retrouver tôt ou tard et lui prouver que nous autres Mexicains nous avons la mémoire aussi longue pour le bien que pour le mal. Je suis son débiteur, et, vive Dieu ! je lui paierai ma dette.

— Bien, mon père ! s’écria la jeune fille en se précipitant dans ses bras et l’embrassant avec effusion.

— Assez, petite folle, assez, que diable ! tu m’é-