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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/210

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LA FIÈVRE D’OR.

— Dites-moi, monsieur, connaissez-vous notre représentant à Guaymas ?

À cette question, un nuage passa sur le front de l’étranger.

— Pas personnellement, répondit-il avec une certaine hésitation au bout d’un instant.

— Ainsi, vous ne pouvez pas me renseigner sur lui ? Vous comprenez qu’il est important pour moi de connaître le caractère de l’homme avec lequel il me faudra sans doute lier des relations suivies, et auquel, dans certaines circonstances difficiles comme il peut s’en offrir à chaque pas, je serai peut-être forcé de demander protection.

— C’est juste, mon cher comte ; comme vous me le faites observer, vous ne savez pas dans quelle position le hasard peut vous mettre ; il est donc nécessaire que je vous instruise : écoutez-moi.

— Je vous prête la plus sérieuse attention.

— Guaymas, comme vous le savez fort bien, n’est que d’une médiocre importance pour notre nation, au point de vue commercial ; si, pendant le cours d’une année tout entière, une dizaine de navires portant notre pavillon, y vont relâcher, c’est tout au plus. Le gouvernement français a donc, à cause de cela, jugé inutile d’envoyer dans cette ville un agent français, il a agi comme font la plupart des puissances ; parmi les négociants les mieux posés de Guaymas, il en a choisi un et l’a nommé son représentant.

— Ah ! ah ! fit le comte rêveur ; ainsi notre agent consulaire dans ce port n’est pas Français ?

— Non, il est Mexicain ; c’est un malheur pour vous, car je ne vous cache pas que plusieurs fois