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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/226

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LA FIÈVRE D’OR.

mençons enfin à nous entendre ; ce n’est pas malheureux. Est-ce que tu allais sortir ?

— Oui, mais pour rien de bien urgent.

— Je ne te dérange pas, alors ?

— Au contraire, mets-toi à ton aise et causons.

— Je ne demande pas mieux.

— As-tu soupé ?

— Ma foi non, pas encore, et toi ?

— Ni moi non plus, cela tombe à merveille ; nous souperons ici en petit comité ; de cette façon nous pourrons dire ce que bon nous semblera, sans craindre les indiscrets, à moins que tu ne préfères aller à l’hôtel.

— Moi ? du diable si j’en fais rien ; soupons ici, non ami, nous serons mieux de toutes les façons.

— C’est aussi ce que je pensais ; laisse-moi donner quelques ordres, et je suis à toi.

Louis sortit.

— Ouf ! fit Valentin en s’étalant sur un fauteuil, je commence à être fatigué, et vous, don Cornelio ?

— Moi ! répondit celui-ci avec un soupir, je ne puis plus remuer ni bras, ni jambe ; je marche comme un somnambule.

— Bah ! vous, un gaillard si solide !

— Solide, solide ; tant que vous le voudrez ; savez-vous qu’il y a sept nuits que nous ne nous sommes couchés et que nous n’avons dormi ?

— Vous croyez ? fit négligemment le Français.

Capa de Dios ! si je le crois ? j’en suis sûr ; à preuve que, pendant ces sept jours nous avons fait trois cents lieues et que nous avons crevé dix chevaux.

— C’est ma foi vrai, tout autant.