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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/227

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LA FIÈVRE D’OR.

— Ah ! vous voyez…

— C’est vrai. Eh bien, que concluez-vous de cela ?

— Dame ! que vous étiez pressé.

— Et cependant, malgré toute notre diligence, notre ami trouve que nous avons été trop lents.

— Ma foi, je vous avoue alors qu’il n’est pas raisonnable.

— Mais est-ce que nous allons laisser le chef croquer le marmot à la porte ?

— Au fait, je n’y songeais plus, moi, fit Valentin en se levant.

Et il se dirigea vers la porte.

Au même instant, Curumilla parut d’un côté pendant que don Luis rentrait de l’autre, précédant plusieurs domestiques.

Louis posa les flambeaux qu’il tenait à la main sur la table, et se tournant vers son ami :

— Où vas-tu ? lui demanda-t-il.

— J’allais à la recherche de Curumilla, que j’avais laissé à la garde des chevaux. Mais le voilà.

— Ne t’occupe pas de tes animaux, j’ai donné des ordres.

— À table alors, car je meurs de faim ; il y a seize heures que moi et mes compagnons nous n’avons mangé.

Louis ne répliqua pas. Les quatre hommes s’assirent autour de la table, qui avait été abondamment garnie de plats de toutes sortes.

Le repas commença ; les convives mangèrent assez longtemps sans échanger une parole. Les arrivants avaient un impérieux besoin de réparer leurs forces.

Enfin, lorsque la première faim fut un peu apaisée, Valentin se versa à boire, et, s’adressant à son frère de lait, il entama l’entretien :