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LA FIÈVRE D’OR.

l’hôte en ricanant ; d’ailleurs vous pouvez aller au meson del Satto ? là on vous ouvrira.

— Ne savez-vous pas qu’il y a huit milles d’ici au meson del Salto ?

— Certes, je le sais.

— Voyons, ouvrez-nous, señor Saccaplata ; vous n’aurez pas la barbarie de nous laisser ainsi dehors !

— Pourquoi donc ?

— Parce que si vous ouvrez vous serez récompensé de façon à ne pas vous en repentir.

— Oui, oui, tous les voyageurs sont les mêmes ; ils font beaucoup de promesses tant qu’ils sont dehors ; mais une fois dedans, du diable s’ils lâchent les cordons de leur bourse.

— Cela ne vous arrivera pas avec nous.

— Qu’en sais-je ? fit le huesped en hochant la tête ; ma maison est pleine, je n’ai plus de place.

— Nous nous en ferons, cher Saccaplata,

— Oui-dà ! et qui donc êtes-vous, vous qui me connaissez si bien ? Ne seriez-vous pas par hasard un de ces caballeros de la noche (seigneurs de la nuit) qui depuis quelque temps courent la tuna aux environs ?

— Vous vous trompez grossièrement, et je vais vous le prouver, répondit le colonel, désirant couper court à cette conversation en plein air. Prenez d’abord ceci, ajouta-t-il en jetant deux onces d’or par la lucarne ; maintenant, pour éviter tout malentendu, sachez que je me nomme le colonel don Sébastian Guerrero.

Le digne hôtelier, ainsi que son nom le laissait suffisamment deviner[1], n’était sensible qu’à un

  1. Sacca plata signifie littéralement tire-argent.