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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/22

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LA FIÈVRE D’OR.

blés seulement d’un cadre en chêne garni d’une peau de vache, et qui sert de lit.

Ces cuartos sont numérotés et s’ouvrent tous sur de longs corridors.

Tout voyageur doit apporter avec lui ses vivres et les objets de literie indispensables, car l’hôtelier ne fournit absolument que l’alfalfa pour la provende des chevaux et l’eau de la noria.

Il était environ dix heures du soir, lorsque don Sébastian Guerrero arriva devant la porte du meson de San-Juan.

Cette porte était hermétiquement fermée.

Aux coups répétés frappés par un des domestiques, une lucarne percée dans le mur, à deux pieds environ de la porte, s’ouvrit enfin ; une tête de mauvaise humeur se montra, et une voix bourrue cria d’un ton hargneux :

— Qui ose faire un tel vacarme à la porte d’un meson aussi honnête et aussi respectable que celui-ci ?

— Ce sont des voyageurs qui vous arrivent, don Cristoval Saccaplata, répondit le colonel ; allons, ouvrez-nous vivement ; nous avons fait une longue route et nous sommes fatigués.

— Hum ! ils disent tous la même chose, reprit le huesped. Qu’est-ce que cela me fait à moi ! je n’ouvrirai pas, il est trop tard ; ainsi allez, et que Dieu vous garde !

Et il fit un geste pour refermer la lucarne.

— Un moment, que diable ! s’écria le colonel ; vous ne nous laisserez pas camper à la belle étoile, à votre porte, cela ne serait nullement honorable pour vous.

— Bah ! une nuit est bientôt passée ! répondit