Aller au contenu

Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
LA FIÈVRE D’OR.

fixent incessamment vers la France, le seul pays dans son opinion où l’on puisse mourir et vivre heureux.

Infatué à tort ou à raison de sa nationalité, ne consentant jamais à faire les plus minimes concessions aux habitudes, aux croyances on aux mœurs des peuples, avec lesquels il est provisoirement forcé de vivre, les estimant comme bien au-dessous de lui en intelligence et en civilisation, le Français passe à travers les nations étrangères les lèvres plissées par un sourire ironique, le regard moqueur en haussant les épaules avec dédain à tout ce qu’il voit, sans chercher à s’en rendre compte, préférant un sarcasme à une bonne leçon.

Aussi arrive-t-il généralement que le Français, non-seulement n’est pas aimé, mais encore, malgré son caractère bon et serviable, franc et ouvert, est presque détesté à l’étranger.

À San-Francisco, l’émigration française, sans liens entre elle, composée d’individus de toutes sortes, qui se fuyaient ou cherchaient à se nuire, au lieu de se réunir, de s’aider et de se soutenir, était, nous devons l’avouer, fort peu estimée des Américains, ces colonisateurs par excellence. Seuls, quelques hommes énergiques avaient su individuellement faire respecter le nom français.

L’expédition du comte de Prébois-Crancé fut donc, sons tous les rapports, un bienfait pour nos malheureux compatriotes, d’abord en les délivrant de l’affreuse misère qui les enserrait dans ses griffes de fer, ensuite en les relevant à leurs propres yeux et à ceux des aventuriers de tous les pays, que, selon l’énergique expression américaine, le mineral