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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/239

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LA FIÈVRE D’OR.

yellow fever, c’est-à-dire la fièvre jaune métallique, avait attirés dans ces parages.

L’entreprise du comte eut pour résultat de constituer fortement et rendre respectable la colonie française, si méprisée dans le principe, et que maintenant les Américains commençaient sourdement à jalouser et à envier.

L’enrôlement de la compagnie française, pour l’exploitation des riches placeres de l’Apacheria, était la nouvelle importante du jour ; partout on en parlait ; nombre d’aventuriers brûlaient de faire partie de l’expédition et employaient tous les moyens pour se faire accepter.

Mais nous l’avons dit, le comte de Prébois-Crancé s’était, à cet égard, tracé une ligne de conduite dont il ne déviait pas.

La principale condition à l’enrôlement était la qualité de Français ; aussi Dieu sait combien de pauvres diables furent repoussés par le comte ! et combien de haines terribles il amoncelait sur sa tête ; mais peu lui importaient les criailleries et les réclamations de ceux qu’il évinçait ainsi ; il continuait imperturbablement son œuvre. Aussi, nous l’avons dit, lorsque Valentin arriva à San-Francisco, la compagnie était presque complète et composée d’hommes d’élite.

Le chasseur apprit avec le plus grand plaisir ces nouvelles de la bouche de son ami.

— Eh ! lui dit-il, tu n’a pas perdu de temps ?

— N’est-ce pas.

— Parbleu ! en moins de deux mois, constituer une société minière, former une compagnie, il est impossible d’aller plus vite ; je te félicite, cordieu ! de tout mon cœur.