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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/248

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LA FIÈVRE D’OR.

Aussitôt le déjeuner terminé, le comte se mit en devoir d’aller satisfaire ses créanciers, ou plutôt ceux de la compagnie, afin d’ôter tout prétexte à la malveillance et de fermer la bouche aux envieux.

Du reste, ri le comte et son expédition étaient bien attaqués, ils étaient aussi bien et chaudement défendus.

La presse française en Californie donna alors un bel exemple de patriotisme et d’indépendance en soutenant, envers et contre tous, le comte de la façon non-seulement la plus énergique, mais encore la plus spirituelle.

Nous constaterons en passant que les quelques journalistes français, que l’esprit d’aventure avaient à cette époque amenés à San-Francisco, avaient su, grâce à leur conduite noble et désintéressée, porter haut le nom français et le faire respecter de tous : ce qui alors était d’autant plus beau de leur part, qu’il leur fallait résister héroïquement à des enivrements continuels et à des obsessions de toutes sortes.

Nous sommes heureux d’adresser ici ce juste tribut d’éloges à des hommes modestes, intègres et pleins de talent, qui pour la plupart ont été fort mal récompensés de leurs efforts pour faire le bien, et dont plusieurs sont morts courageusement sur la brèche.

Le comte ne perdit pas un instant pour prendre ses derniers arrangements et enrôler les quelques hommes qui lui manquaient encore.

Enfin, ainsi qu’il l’avait dit à Valentin en le quittant, dix jours s’étaient à peine écoulés depuis leur entrevue nocturne que tous les préparatifs étaient terminés, et la compagnie n’attendait plus qu’un