Aller au contenu

Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
LA FIÈVRE D’OR.

moment favorable pour s’embarquer et partir.

Ce fut un grand jour pour San-Francisco, que celui où la compagnie française s’embarqua pour la Sonora !

L’Américain du nord, sous son apparence froide et compassée, cache un cœur chaud et prompt à l’enthousiasme.

Lorsque les Français montèrent dans les chaloupes qui devaient les conduire à bord du navire destiné à les transporter à Guaymas, pour un instant, et comme par enchantement, toutes les haines se turent, et une foule enthousiaste, groupée sur le môle, les accompagna de ses vivats et de ses souhaits de bon succès, en frappant des mains et en frisant voler en l’air les chapeaux et les mouchoirs.

Le comte, comme c’était son devoir, s’embarqua le dernier ; plusieurs de ses amis, au nombre desquels se trouvait le consul, lui tenaient compagnie.

Au moment de sauter dans la chaloupe qui l’attendait, le comte se retourna, et serrant une dernière fois la main du consul :

— Adieu, lui dit-il ; je réussirai, ou la Sonora sera mon tombeau.

— Au revoir, mon ami, répondit celui-ci ; au revoir, et non pas adieu ! vous réussirez, j’en suis convaincu.

— Dieu le veuille ! murmura Louis en sautant dans la chaloupe et en secouant mélancoliquement la tête.

Un formidable hourra s’éleva de la foule ; le comte salua en souriant et la chaloupe partit.

Une heure plus tard, les voiles blanches du na-