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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/282

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LA FIÈVRE D’OR.

par les habitants, auxquels leur gaîté, leur entrain et leur insouciance plaisaient par-dessus tout, et qui ne pouvaient, eux qui n’avaient vu jusque-là que quelques soldats mexicains déguenillés et perdus de vices, se lasser d’admirer la bonne tenue, la tournure martiale et la dextérité parfaite avec laquelle les étrangers manœuvraient et surtout maniaient leurs armes.

La compagnie faisait la police de la ville avec un soin extrême ; les vols et les guet-apens avaient cessé comme par enchantement ; les Sonoriens dormaient tranquilles sur la foi de leurs nouveaux amis.

Le jour de la Fête-Dieu, ainsi que cela avait été convenu, le canon français tira une partie de la journée, et les aventuriers accompagnèrent la procession portant des bouquets au bout de leurs fusils et se comportant avec la plus grande décence : on n’eut pas un reproche à leur adresser.

Du reste, leur présence à l’église produisit tout l’effet que le comte en avait attendu ; et la certitude acquise par les habitants que les étrangers étaient bons catholiques, augmenta encore la sympathie qu’ils éprouvaient pour eux.

Les choses marchèrent ainsi pendant quelque temps, sans que le moindre nuage vînt troubler l’azur des projets du comte.

En effet, l’harmonie la plus complète régnait entre lui et les magistrats de la ville, du moins en apparence ; aussi, avec la franche loyauté de son caractère, le comte commençait à se reprocher secrètement la méfiance que d’abord il avait éprouvée, ou plutôt qui lui avait été inspirée par Valentin ; et