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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/283

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LA FIÈVRE D’OR.

tout bas il accusait son ami de s’être laissé dominer par d’injustes préventions envers des hommes qui semblaient s’étudier, non-seulement à satisfaire, mais même à aller au devant des moindres désirs des membres de l’expédition.

Du reste, comment le comte aurait-il pu soupçonner une trahison ? il n’était venu que sur la prière du gouvernement mexicain, c’était ce gouvernement qui avait exigé que la compagnie fût organisée militairement, nombreuse et bien armée. Les principales autorités du pays avaient un intérêt d’autant plus grand dans le succès de l’entreprise, que presque toutes étaient actionnaires de la société.

Pour supposer que ces gens eussent l’intention de le tromper dans de telles conditions, il fallait d’abord que le comte admît qu’ils fussent fous ou enragés ; car nul ne fait jamais la guerre à ses dépens, et les Mexicains sont en général connus pour tenir beaucoup à l’argent.

Nous insistons d’autant plus sur ces considérations que nous voulons établir un parallèle impartial entre les deux partis, afin que chacun puisse bien reconnaître de quel côté fut la loyauté dans toute cette hideuse affaire, qui a marqué d’un stigmate sanglant la république mexicaine, et lui a laissé au front une tache indélébile que jamais elle ne pourra effacer.

Cependant le temps fuyait rapidement ; le comte craignit que le moral de ses compagnons souffrît en demeurant plus longtemps au sein de la cité sonorienne ; il brûlait de se mettre en route ; malheureusement il lui était impossible de le faire sans que des vivres fussent préparés sur la route, et que le gou-