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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/289

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LA FIÈVRE D’OR.

L’Espagnol le regarda d’un air ébahi.

— Don Cornelio, continua le comte, quittez votre costume de voyage, je vous emmène.

— C’est que… fit-il en hésitant.

— Quoi donc ?

— Je vous avouerai, señor conde, que je ne possède pas d’autres habits que ceux que je porte sur moi.

— Ah ! qu’à cela ne tienne, reprit en souriant le comte en lui désignant en même temps une masse de vêtements jetés pêle-mêle sur les meubles ; choisissez là dedans ce qui pourra vous convenir ; je suppose que vous êtes assez mon ami pour ne pas vous formaliser du sans-façon avec lequel j’agis avec vous.

— Aucunement ! s’écria l’Espagnol avec un mouvement de joie.

— Seulement faites vite, parce que je vous attends.

— Je ne vous demande que cinq minutes.

— Je vous en accorde dix. Vous me retrouverez dans le patio ; je vais donner l’ordre à mon escorte de monter à cheval.

Le comte sortit et don Cornelio se mit avec empressement en devoir de lui obéir. Nous devons ajouter, à la louange de l’Espagnol, que non-seulement le procédé de don Luis à son égard ne l’avait nullement choqué, mais qu’au contraire il en éprouvait une vive reconnaissance au fond du cœur.

L’Espagnol ne s’était pas trompé, il y avait effectivement tertulia au palais du gouverneur.

Le général Guerrero était fort riche ; aussi le bal qu’il donnait ce jour-là était-il somptueux et digne de toute façon du poste élevé qu’il occupait dans la province.