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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/290

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LA FIÈVRE D’OR.

La foule encombrait ses salons resplendissants de lumière et éblouissants de dorures.

Toute la haute société du Pitic s’était donnée rendez-vous au Palais ; les tables, couvertes d’or, étaient entourées par des joueurs qui, avec cette superbe insouciance qui caractérise les Mexicains, risquaient des sommes folles sur une carte. Dans une vaste salle, une musique, peut-être un peu sauvage pour nos oreilles européennes, réglait le pas des danseurs ; enfin un salon particulier avait été réservé pour les dames. Doña Angela, belle à ravir, trônait au milieu de cet essaim de jolies femmes.

Mais, malgré tous les efforts du général pour plaire à ses invités et les exciter à se livrer au plaisir, la fête languissait ; les jeunes femmes surtout, ordinairement si passionnées pour la danse, refusaient toutes les invitations ; elles préféraient rester à causer entre elles dans le salon qui leur avait été abandonné.

C’est qu’en ce moment on traitait un point fort intéressant et qui avait le privilége d’exciter au plus haut degré toutes les curiosités féminines.

La nouvelle du débarquement des Français à Guaymas faisait le sujet de la conversation.

— Mon Dieu ! s’écria une jeune femme avec un charmant sourire, est-ce que ces Anglais viendront ici ?

— Sans doute, observa une autre ; mais ce ne sont pas des Anglais, Querida.

— Oh ! vous vous trompez, Carmencita, tous les étrangers sont Anglais, c’est-à-dire hérétiques : mon confesseur me l’a dit.

— Ils doivent être hideux ! hasarda une troisième en avançant curieusement la tête.