Aller au contenu

Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
LA FIÈVRE D’OR.

— Mais non, je vous assure ; ce sont des hommes comme les autres, répondit la seconde qui avait parlé, jolie brune aux yeux noirs, pétillants de malice. Je suis allée passer la Fête-Dieu à Guaymas avec mon oncle, et je les ai vus ; il y en a même, parmi eux qui sont assez bien.

— C’est impossible ! s’écrièrent-elles en chœur, des hérétiques.

— Ils nous massacreront !

— On les dit fort cruels.

— Leur chef surtout.

Jusque là doña Angela était demeurée silencieuse, absorbée par ses pensées intimes ; mais à cette parole elle dressa subitement la tête.

— Leur chef est un caballero ! dit-elle d’une voix haute ; c’est un conde dans son pays, s’il est venu en Sonora, ce ne peut être que dans notre intérêt !

Toutes les jeunes femmes se turent, étonnées de cette étrange sortie de doña Angela ; puis elles se mirent à chuchotter entre elles.

La jeune fille, fâchée de s’être ainsi imprudemment avancée, se mordit les lèvres, rougit légèrement, et se replongea dans sa rêverie.

En ce moment, don Sebastian entra dans le salon.

— Ah ! voilà le général, s’écrièrent gaiement trois ou quatre jeunes filles, qui se levèrent et l’entourèrent avec empressement.

— Oui, me voici, señoritas, répondit-il en souriant ; que désirez-vous de moi ?

— Un renseignement seulement.

— Un renseignement, et lequel ?

— Nous désirons savoir, fit doña Carmencita…