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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/296

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LA FIÈVRE D’OR.

mon hôte, de vous présenter officiellement à ces dames, qui brûlent de faire plus ample connaissance avec vous.

Don Luis se prêta de bonne grâce au désir du général. Celui-ci, affectant alors la plus exquise courtoisie, présenta son hôte, ainsi qu’il l’avait nommé, aux personnes les plus influentes de la réunion. Puis il le conduisit auprès de sa fille, qui, depuis l’entrée du comte, était demeurée immobile à sa place, les yeux opinâtrement fixés sur lui.

— Señor conde, dit le général, ma fille doña Angela ; doña Angela, le comte don Luis de Prébois-Crancé.

Don Luis s’inclina respectueusement devant la jeune fille.

— J’ai depuis longtemps déjà l’honneur de connaître Monsieur le comte, répondit-elle avec un sourire gracieux.

— En effet, dit le général feignant tout à coup de se souvenir ; nous nous connaissons depuis longtemps, cabellero.

— Ce n’était pas à moi à vous rappeler comment nous nous sommes connus.

— C’est vrai, comte, c’était à moi ; croyez bien que je ne l’ai pas oublié.

— Ni moi, murmura la jeune fille, car je vous dois la vie, señor.

— Oh ! señorita.

— Permettez, permettez, señor conde, fit le général avec une emphase certainement affectée, nous autres caballeros mexicains, nous avons la mémoire longue pour le bien comme pour le mal ; vous avez risqué votre vie pour défendre la mienne,