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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/297

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LA FIÈVRE D’OR.

ceci est une de ces dettes que l’on aime à payer. Je suis votre débiteur, señor don Luis.

— Parlez-vous sérieusement, général ? demanda le comte en le regardant fixement.

— Certes, caballero, ce sujet est trop sérieux pour que je le traite autrement ; j’ajouterai même que mon plus vif désir serait de trouver bientôt l’occasion de m’acquitter envers vous.

— S’il en est ainsi, général, cette occasion, je puis vous la fournir à l’instant même, si vous me le permettez.

— Comment donc ? fit le général un peu interdit de se voir ainsi prendre au mot, trop heureux de vous être agréable. Qu’exigez-vous de moi ?

— Je n’exige rien, général, je désire seulement vous adresser une prière.

— Une prière ? vous, don Luis ? Oh ! oh ! et quelle est-elle, parlez ?

— Je vous prie de vouloir bien m’accorder quelques minutes d’entretien particulier.

— Cette nuit ?

— À l’instant même.

— Allons, reprit le général, j’espérais, pour quelques heures du moins, pouvoir faire trêve aux affaires, mais vous en ordonnez autrement ; que votre désir soit satisfait, don Luis, un caballero n’a que sa parole.

— Veuillez me pardonner, général ; je suis réellement confus de tant d’insistance, mais des raisons impérieuses…

— Pas un mot de plus, je vous en supplie, don Luis, ou vous me feriez supposer que vous attachez à cet entretien une importance qu’il ne saurait avoir.