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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/309

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LA FIÈVRE D’OR.

— Cela ne fait rien, pourtant je ne crois pas perdre, dit-il avec un calme parfait.

— Comment ! vous ne croyez pas perdre ?

— Non, je vous avoue que j’ai beaucoup de bonheur au jeu ; c’est peut-être parce que je tiens fort peu au bénéfice que je puis en retirer.

— C’est possible ; cependant ce que vous me dites me semble si étrange que je serais curieux de m’en assurer.

— Il ne tient qu’à vous.

Peu à peu les invités s’étaient rapprochés des deux hommes et s’étaient groupés autour d’eux. Doña Angela s’était avancée aussi et se trouvait placée presque auprès de don Luis.

— Allons, continua le général, jouons trois parties.

— À vos ordres.

— Combien plaçons-nous ?

— Ce qu’il vous plaira.

— Deux mille piastres, voulez-vous ?

— Parfaitement.

Le général prit un jeu de cartes neuf renfermé encore dans son enveloppe.

— Si cela vous est égal, dit-il, nous ne taillerons ni l’un ni l’autre.

— Comme vous voudrez.

— Mais qui taillera ?

— Moi ! s’écria subitement doña Angela, en s’emparant du jeu de cartes.

— Oh ! oh ! fit le général en souriant, prenez garde, don Luis, ma fille se met contre vous.

— Je ne puis croire que la señorita soit mon ennemie, répondit le comte en saluant la jeune fille.