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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/314

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LA FIÈVRE D’OR.

En quittant Guaymas, il avait donné l’ordre à l’officier auquel il avait confié le commandement provisoire de la compagnie, de se mettre en route pour le venir joindre au bout de quatre jours.

La Compagnie devait être, non-seulement en route depuis quatre jours, mais encore elle aurait dû être arrivée au Pitic, puisque quinze lieues seulement séparent les deux villes, c’est à dire une étape ordinaire, distance qu’une troupe armée, marchant au pas de route, peut facilement franchir entre deux soleils ; pourtant, depuis son départ du port, le comte n’avait reçu aucune nouvelle, aucune réponse à ses lettres, et la compagnie ne paraissait pas.

Que s’était-il passé depuis son départ de Guaymas ?

Quelles nouvelles entraves avait-on encore mises aux mouvements de la compagnie ?

D’où provenait ce retard incompréhensible de quatre jours ?

Pourquoi l’officier qu’il avait laissé à sa place, ne l’avait-il pas informé de ce qui était arrivé ?

Ses courriers auraient-ils été interceptés sur la route ?

Pourquoi Valentin ou Curumilla, ces deux hommes résolus et dévoués, pour lesquels les obstacles les plus grands n’existaient pas, n’étaient-ils point venus l’avertir ?

Ces suppositions, et bien d’autres encore qui se présentaient en foule à l’esprit bourrelé du comte, le mettaient dans un état de surexcitation morale impossible à décrire ; il ne savait à quoi se résoudre, quel moyen employer pour acquérir une certitude cent fois préférable au doute qui le rongeait.

Enfin il résolut d’expédier à franc étrier, à Guay-