Le général, appelé par une affaire importante, était parti la veille à quatre heures du soir, à cheval, n’emmenant avec lui qu’une faible escorte de lanciers. Mais, ajouta l’homme qui donnait au comte ces renseignements, l’absence de Son Excellence le général ne peut être longue ; il est probable qu’avant quatre ou cinq jours il sera de retour.
Le comte, quoi qu’il fît, ne put rien obtenir de plus positif.
Les Mexicains, si bavards et si hâbleurs d’ordinaire, deviennent, lorsque leur intérêt l’exige, muets comme des poissons, alors il est impossible, par or ni par promesses, de leur faire sortir une seule syllabe de la bouche.
Don Luis se retira fort contrarié de ce contre-temps, qui lui parut préparé exprès ; cependant, afin d’éclaircir ses soupçons, et ne voulant pas, dans une circonstance aussi grave, agir légèrement et commettre d’imprudence, bien que le procédé du général à son égard lui semblât peu convenable et un peu trop sans façon, il résolut d’attendre quelques jours, afin de bien mettre la raison de son côté, en constatant que le départ de don Sebastian avait été prémédité dans le but d’éviter toute explication ultérieure avec lui.
Chaque jour le comte envoyait un de ses hommes au palais s’informer si le général était de retour ; la réponse était toujours la même ; le général était absent, mais il était évident qu’il ne tarderait pas à revenir, on l’attendait d’un moment à l’autre.
Huit jours se passèrent ainsi. Un autre sujet d’inquiétude vint encore augmenter les ennuis du comte, et l’impatience qui commençait à s’emparer de lui.