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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/319

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LA FIÈVRE D’OR.

qui s’éteignit aussitôt, en enflamma une autre, et lut ce billet, si dédaigné un instant auparavant.

Voici ce qu’il contenait :

« Une personne qui s’intéresse au comte don Luis, le prie, dans son intérêt, de se trouver ce soir, à dix heures, à l’Alameda, dans la première allée à gauche. Une personne assise sur le troisième banc lui dira : « Guaymas » ; il répondra : « Atrevida », et la suivra à distance, sans lui adresser d’autres questions, dans l’endroit où elle a mission de le conduire, et où le comte apprendra des choses que, pour son salut et celui de ses compagnons, il lui importe de connaître. »

Cette étrange missive n’était pas signée.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? murmura le comte ; est-ce une mystification ? Dans quel but ? Est-ce un piége que l’on me tend, un guet-apens dans lequel on veut me faire tomber ? Vive Dieu ! je le saurai. Quelle heure est-il ?… neuf heures ; j’ai encore une heure devant moi. Si c’est un assassinat que médite mon mystérieux correspondant, il trouvera à qui parler. Qui sait ? peut-être est-ce réellement un bon avis que me veut donner un ami inconnu ; je le verrai bien !

Tout en disant cela, le comte avait quitté ses habits pour en endosser d’autres de couleur sombre ; il boucla son ceinturon, à l’anneau de fer duquel, selon la coutume mexicaine, il passa un macheto sans fourreau, il attacha deux excellents revolvers à six coups à sa ceinture, s’enveloppa, avec soin dans les plis d’un large manteau, rabaissa sur ses yeux les ailes de son large chapeau de poil de vigogne, et se disposa à sortir.