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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/320

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LA FIÈVRE D’OR.

— Pardieu ! dit-il en franchissant la porte de sa maison, armé comme je le suis, je crois que les bandits qui m’attaqueraient pourraient en être pour leur courte honte.

Au moment où le comte mettait le pied dans la rue, le quart moins de dix heures sonnait à l’horloge du cabildo.

— J’ai juste le temps, dit-il.

Et il se mit à marcher rapidement.

La nuit était sombre, les rues désertes.

Ainsi que le comte l’avait prévu, il arriva à l’Alameda, juste comme dix heures sonnaient.

— Voyons, fit-il.

Il s’avança alors d’un pas assuré, mais regardant attentivement autour de lui, et la main sur ses armes, de crainte de surprise.

Se conformant aux instructions de la lettre, il se dirigea vers l’allée qui lui avait été désignée ; bientôt il distingua une forme noire qu’il reconnut être une femme assise sur un banc ; le comte eut alors honte de ses soupçons, il abandonna la poignée de ses armes, et, par réflexion, il fut sur le point de retourner sur ses pas, supposant que ce rendez-vous n’était pas aussi sérieux qu’il l’avait cru d’abord. Cependant, après une minute d’hésitation, il se résolut à pousser l’affaire jusqu’au bout et marcha vers l’inconnue, toujours impassible.

À l’instant où il allait la dépasser, elle toussa légèrement ; le comte se retourna.

Guaymas ! dit-elle à demi-voix.

Atrevida ! répondit-il sur le même ton.

— Venez.

— Marchez.