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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/323

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LA FIÈVRE D’OR.

— Oh ! vous me raillez, señora, c’est mal.

L’inconnue soupira.

— Non, don Luis, reprit-elle, je ne vous raille pas. Qu’avez-vous besoin de me connaître ? Qu’il vous suffise de savoir que je veille sur vous ; n’en cherchez pas le motif.

— C’est, au contraire, ce motif que je désire savoir.

— Si je vous disais que je vous aime, me croiriez-vous, don Luis ? répondit-elle avec tristesse.

— Oh ! fit-il avec émotion, je vous plaindrais, madame, de vous attacher à un malheureux tel que moi, dont la vie n’a été qu’une longue douleur.

— Ignorez-vous donc que, nous autres femmes, ce sont surtout les malheureux que nous aimons ? Notre mission sur la terre n’est-elle pas de consoler.

— Madame, je vous en supplie, ne me laissez pas vous quitter ainsi ; j’emporterais dans le cœur une douleur que rien ne pourrait guérir.

— J’ai eu tort de venir, murmura-t-elle tristement.

— Oh ! ne dites pas cela, madame, lorsque peut-être vous m’avez sauvé la vie.

— Adieu, don Luis, répondit-elle avec un accent d’ineffable douceur, il faut nous séparer. Quoi qu’il arrive, souvenez-vous que vous avez une amie dévouée, une sœur.

— Une sœur ! dit-il avec amertume ; soit, puisque telle est votre volonté, je n’insiste pas, madame.

— Prenez cette bague, puisque vous voulez absolument savoir qui je suis ; mon nom est gravé dessus ; seulement promettez-moi de ne pas lire ce nom avant trois jours.

— Je vous le jure, répondit-il en tendant la main dans l’ombre.