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LA FIÈVRE D’OR.

Lorsque les clairons eurent fini de sonner, il tira sa montre et regarda froidement l’heure.

Les révoltés le surveillaient du coin de l’œil ; les autres officiers étaient venus se ranger autour de leur chef.

— Allez à vos sections, messieurs, leur dit-il d’une voix claire qui, bien, que ne sortant pas des limites de la conversation, fut cependant entendue distinctement de tous ; vos hommes ont cinq minutes pour prendre leurs rangs ; nous partons dans un quart d’heure.

Un ricanement prolongé accueillit ces paroles.

Le commandant remit son sabre au fourreau, et d’un pas mesuré il s’avança droit vers un des mauvais drôles cause du tumulte, et qui semblait particulièrement le narguer.

Cet homme tressaillit en voyant son chef se diriger vers lui ; instinctivement il jeta un regard en arrière.

Les cris avaient cessé ; les aventuriers examinaient en chuchottant entre eux ce qui allait se passer.

Lorsque le commandant ne fut plus qu’à deux pas de l’homme dont nous avons parlé, il s’arrêta, et le regardant bien en face :

— Est-ce que c’est de moi que vous vous moquiez tout à l’heure ? lui dit-il.

L’autre hésita à répondre.

— Ce n’est pas votre chef qui vous parle en ce moment, continua l’officier, c’est l’homme que vous avez insulté.

L’aventurier sentait peser sur lui les regards de tous ses compagnons ; il reprit toute son effronterie.

— Eh bien ! après ? dit-il insolemment.