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LA FIÈVRE D’OR.

loin environ, où sont réunis certains personnages avec lesquels le lecteur doit faire connaissance.

À cent cinquante pas à peine du meson de San-Juan, la route commence peu à peu à se rétrécir, les mouvements de terrain deviennent plus sensibles, les montagnes se rapprochent comme si elles voulaient se donner la main, et cela d’une façon tellement brusque et peu préparée, qu’elles forment tout à coup une gorge longue et étroite, étranglée entre des escarpements à pic composés de blocs de basalte de cent à cent cinquante mètres de haut, cette gorge est connue dans le pays sous le nom de Barranca del mal paso.

Lorsque enfin on a franchi cette gorge, le paysage quitte son apparence abrupte et sauvage pour reprendre un caractère riant, la route s’élargit de nouveau, un charmant vallon, coupé en deux par une rivière, s’offre à la vue, et de tous les côtés les yeux planent sur un vaste horizon délicieusement accidenté.

Or, de chaque côté de la barranca, et un peu en avant, commencent d’impénétrables forêts où l’on ne peut se frayer un chemin que la hache à la main, à moins de posséder une connaissance approfondie des sentes étroites et à peine tracées qui, après des méandres sans nombre, conduisent dans l’intérieur.

C’est dans un des repaires les plus cachés et les plus ignorés d’une de ces forêts, que nous prions le lecteur de nous suivre.

Dans une vaste clairière, au centre de laquelle brûlait en se tordant, avec des pétillements continuels, un cèdre de quatre-vingts pieds de haut,