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LA FIÈVRE D’OR.

— En avant ! morbleu ! en avant ! hurla le comte en excitant encore son cheval.

— En avant ! répéta Belhumeur.

Ils s’engouffrèrent dans la barranca avec une rapidité vertigineuse, et tombèrent comme deux démons au milieu des bandits, qu’ils saluèrent de deux coups de feu ; puis, saisissant leurs rifles par le canon, ils s’en servirent comme de massues, bondissant dans la mêlée avec une rage indicible.

Il était temps que ce secours arrivât au colonel ; trois de ses domestiques étaient tués, don Cornelio gisait blessé sur le sol, don Sébastian, appuyé contre la paroi de granit, se défendait en désespéré contre cinq ou six bandits qui l’assaillaient.

El Buitre s’était emparé de doña Angela, et l’enlevant dans ses bras robustes, il l’avait jetée en travers sur sa selle, malgré ses cris et sa résistance.

Mais tout à coup don Luis asséna un coup de crosse sur le crâne du bandit, le fit rouler à terre comme une masse et délivra la jeune fille.

Belhumeur, pendant ce temps, ne restait pas inactif ; il blessait et foulait aux pieds de son cheval tous ceux qui osaient s’opposer à son passage.

Les salteadores, surpris par cette attaque subite à laquelle ils étaient loin de s’attendre, effrayés du carnage que les arrivants faisaient de leurs compagnons, ne sachant combien d’ennemis ils allaient avoir sur les bras, furent pris d’une peur panique, et s’enfuirent dans le plus grand désordre en escaladant les rochers.

Grâce à el Garrucholo, qui, au péril de sa vie, chargea sur ses épaules son capitaine, qu’il ne vou-