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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/61

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LA FIÈVRE D’OR.

cieux auprès l’un de l’autre ; enfin le Canadien, qui ne pouvait longtemps rester sans parler, prit la parole :

— Ne trouvez-vous pas, don Luis, lui dit-il, que, en supposant que le colonel nous ait dit vrai, deux hommes comme nous lui seraient fort utiles ?

— Que nous importe ? répondit brusquement don Luis.

— À nous, rien ; et certes, s’il ne s’agissait que de ce soldat qui vous est si antipathique, je ne m’en occuperais pas davantage, et je le laisserais comme il l’entendrait se tirer d’affaire avec les bandits.

— Eh bien ?

— Ne me comprenez-vous pas ?

— Non, sur l’honneur.

— N’avez-vous pas vu la charmante enfant qui l’accompagne ?

— Sans doute.

— Ne serait-il pas affreux…

— Vive Dieu ! interrompit vivement le comte de Prébois-Crancé, que le lecteur a sans doute reconnu déjà,[1] ce serait épouvantable ! Comment cette pensée ne m’est-elle pas venue ? Pauvre jeune fille ! En avant, Belhumeur, en avant ! il faut la sauver

— Ah ! s’écria le Canadien, je savais bien que je trouverais l’endroit sensible, enfin !

Les deux hommes se courbèrent sur le cou de leurs chevaux, et partirent rapides comme la tempête.

À peine avaient-ils fait un mille, que des cris et des coups de feu parvinrent à leurs oreilles.

  1. Voir La grande Flibuste, 1 vol. in-12, chez Amyot, libraire-éditeur, 8, rue de la Paix, à Paris.