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LA FIÈVRE D’OR.

comte avec un sourire triste ; le repos n’est plus fait pour moi.

Don Cornelio n’insista pas ; habitué depuis longtemps au caractère de son compagnon, il jugea inutile de faire de plus longues objections. Quelques minutes plus tard, enveloppé de son zarapé et la tête sur sa jarana en guise d’oreiller, il dormait d’un profond sommeil.

Don Luis jeta quelques brassées de bois sec dans le feu, qui menaçait de s’éteindre, croisa les bras sur sa poitrine, et appuyant le dos contre un arbre, les yeux fixés devant lui, avec cette expression vague de l’homme pour qui les objets extérieurs n’existent plus, il se concentra en lui-même et s’abîma dans ses pensées, tristes et bien amères sans doute, car bientôt deux larmes jaillirent de ses yeux et coulèrent lentement sur ses joues pâlies, tandis que des soupirs étouffés s’exhalaient de sa poitrine et que des paroles entrecoupées s’échappaient de ses lèvres, brisées entre ses dents par la douleur.

Aussitôt que le comte, après avoir obligé don Cornelio à prendre du repos, s’était laissé aller accablé au pied d’un arbre, le chasseur, qui paraissait dormir si profondément, avait soudain ouvert les yeux, s’était levé, et doucement, pas à pas, s’était rapproché de lui.

Plusieurs heures s’écoulèrent ainsi, Louis, toujours plongé dans ses tristes réflexions, Valentin, debout derrière lui appuyé sur son rifle et fixant sur lui un regard d’une expression étrange.

Cependant les étoiles s’éteignaient les unes après les autres dans les profondeurs du ciel ; une bande couleur d’opale commençait à rayer faiblement l’ho-