Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/106

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Dès qu’elle fut seule, la jeune fille pencha le corps en avant comme pour écouter, promena un œil hagard autour d’elle, fit quelques pas en chancelant, porta par un geste nerveux les mains à sa gorge contractée, poussa un cri déchirant et tomba à la renverse sur le parquet

Elle était évanouie.


VII

Un Duel.

Il était environ huit heures du soir lorsque le comte de Lhorailles avait quitté la demeure de don Sylva de Torrès. La feria de Plata était alors dans toute sa splendeur : les rues de Guaymas étaient encombrées d’une foule joyeuse et bigarrée ; les cris, les chants et les rires s’élevaient de tous les côtés ; des monceaux d’or empilés sur les tables de monté jetaient leurs reflets jaunâtres et enivrants aux lueurs éclatantes des lumières qui brillaient à toutes les portes et à toutes les fenêtres ; çà et là des bouffées de vihuelas et de jarabès s’échappaient des pulquerias envahies par les buveurs. Le comte, coudoyé et coudoyant, traversait aussi vite que cela lui était possible les groupes épais qui à chaque instant lui barraient le passage ; mais la conversation qu’il avait eue avec don Sylva l’avait mis de trop joyeuse humeur pour qu’il songeât à se fâcher des nombreuses bourrades qu’à chaque instant il recevait.

Enfin, après des difficultés sans nombre et avoir em-