Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/113

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La plaine était nue et plate, pas un arbre, pas un fossé, pas un accident de terrain derrière lequel il fût possible de se retrancher.

À deux cents pas en avant s’élevaient, ainsi que nous l’avons dit, les premières maisons du Rancho.

Le parti du comte fut pris en un instant. Il enfonça les éperons dans les flancs de son cheval et s’élança à toute bride dans la direction de San-José.

Il sembla au comte que les étrangers avaient imité son mouvement et pressé, eux aussi, l’allure de leurs chevaux.

Quelques minutes s’écoulèrent ainsi, pendant lesquelles le bruit devint de plus en plus distinct ; il fut alors évident pour le Français que c’était à lui qu’on en voulait et que les étrangers, quels qu’ils fassent, le poursuivaient.

Il jeta un regard en arrière, et aperçut deux ombres encore éloignées qui tombaient rapidement sur lui, entraînées par une course effrénée.

Cependant le comte était parvenu au Rancho ; rassuré par le voisinage des maisons, et ne se souciant pas de fuir un péril peut-être imaginaire, il fit une volte, se campa fièrement en travers de la rue, saisit un pistolet de chaque main et attendit.

Les étrangers accouraient toujours, sans ralentir la rapidité de leur marche ; bientôt ils ne se trouvèrent plus qu’à vingt pas environ du comte.

— Qui vive ! s’écria-t-il d’une voix haute et ferme.

Les inconnus ne répondirent pas et parurent redoubler de vitesse.