— Qui vive ! reprit le comte, arrêtez ou je fais feu !
Il prononça ces mots d’un accent si déterminé, sa contenance était tellement intrépide, qu’après quelques secondes d’hésitation les inconnus s’arrêtèrent.
Ils étaient deux.
Le jour, qui commençait à poindre faiblement, permit au comte de les distinguer parfaitement : ils étaient revêtus du costume mexicain ; mais chose étrange dans ce pays, où ordinairement, dans des circonstances semblables, les bandits se soucient fort peu de laisser voir leurs traits, les étrangers étaient masqués.
— Holà ! mes maîtres, cria le comte, que signifie cette poursuite obstinée ?
— C’est que probablement nous avions intérêt à vous atteindre, répondit une voix sourde avec sarcasme.
— Est-ce donc à moi que vous en voulez ?
— Oui, si vous êtes l’étranger qui se homme le comte de Lhorailles.
— Je suis effectivement le comte de Lhorailles, dit-il sans hésiter.
— Bon ! alors nous allons nous entendre.
— Je ne demande pas mieux, bien qu’à vos allures suspectes vous me paraissiez des bandits : si c’est à ma bourse que vous en voulez, prenez-la et retirez vous, je suis pressé.
— Gardez votre bourse caballero ; c’est votre vie et non votre argent que nous prétendons vous prendre.