nombreux, trop déterminés et trop avides de pillage et de meurtre pour que l’on puisse, de gaieté de cœur, se résoudre à confier sa vie seulement à la vitesse de son cheval.
L’on était déjà loin de Guaymas, dont les blanches maisons avaient depuis longtemps disparu derrière les plis sans nombre du terrain, lorsque le capataz quittant la tête de la caravane où il était resté jusqu’à ce moment, tourna bride et vint au galop auprès du palanquin où se trouvait toujours don Sylva de Torrès.
— Eh bien, Blas, dit celui-ci, qu’avons-nous de nouveau ? est-ce que tu as aperçu quelque chose d’inquiétant devant nous ?
— Rien, seigneurie, répondit le capataz ; tout va bien, dans une heure au plus tard nous serons au Rancho.
— D’où provient alors la hâte que tu as mise à te rendre auprès de moi ?
— Oh ! mon Dieu, seigneurie, pas grand’chose, une idée qui m’est passée par la tête, quelque chose que je veux vous faire voir.
— Ah ! ah ! fit don Sylva, quoi donc, mon garçon ?
— Regardez, seigneurie, reprit le capataz en étendant le bras dans la direction du sud-ouest.
— Eh ! qu’est-ce que cela signifie ? Voilà un feu, si je ne me trompe.
— C’est un feu, en effet, seigneurie ; regardez par ici. Et il montra l’est sud-est.
— En voilà un autre. Qui diable a allumé ces feux sur ces pointes escarpées, dans quelle intention peut-on l’avoir fait ?