Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/134

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n’en as monté ; si tu nous sers honnêtement, en arrivant à l’hacienda, j’ajouterai dix piastres à celles que tu possèdes déjà. Cela te convient-il ?

L’œil de l’Indien étincela de convoitise à cette proposition.

— Où est le cheval ? demanda-t-il.

— Le voilà, répondit le capataz en désignant un superbe coureur amené par un péon.

Le Peau-Rouge lui jeta un regard de connaisseur,

— Ainsi, tu acceptes ? dit l’haciendero.

— J’accepte, répondit-il.

— Alors, descends de ton âne et partons.

— Je ne puis pas abandonner mon âne ; c’est une bonne bête, qui m’a rendu des services.

— Que cela ne t’inquiète pas, il viendra avec les mules de charge.

L’Indien fit un geste d’assentiment et ne répliqua rien ; en quelques secondes, il se fut accommodé sur le cheval et la caravane se remit en marche.

Seul, le capataz ne semblait pas voir grande confiance dans le guide si singulièrement rencontré.

— Je le surveillerai, dit-il à mi-voix.

La marche continua ainsi toute la journée sans nouvel incident : le lendemain, on atteignit le rio Gila.

Les rives du rio Gila contrastent par leur fertilité avec l’aridité désolée des plaines qui les environnent ; le voyage de don Sylva, bien que repris au moment où le soleil, arrivé à son zénith, lance perpendiculairement ses rayons brûlants, ne fut plus qu’une agréable promenade de quelques lieues sous les ombrages épais de bois touffus qui croissent à