Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/153

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sans défense, quand même cet ennemi est comme toi un coyote immonde.

— Tue-moi, te dis-je, si tu le peux ; mais ne m’insulte pas. Hâte-toi, mes guerriers peuvent perdre patience, te sacrifier à leur colère, et tu mourrais sans vengeance.

— Tu railles ; tes guerriers ne feront pas un geste tant que je te tiendrai ainsi, tu le sais bien. Je préfère t’offrir la paix.

— La paix ! dit le chef, et un éclair passa dans son regard, à quelles conditions ?

— Deux seules.

— Cucharès, débarrasse cet homme de la reata ; seulement, surveille-le.

Le lepero obéit.

— Merci, dit le chef en se relevant sur les genoux ; parle, je t’écoute, mes oreilles sont ouvertes. Quelles sont ces conditions ?

— D’abord, mon compagnon et moi nous serons libres de nous retirer où bon nous semblera.

— Bon ; ensuite ?

— Ensuite, tu t’engages à demeurer avec tes guerriers et à ne plus retourner dans l’hacienda sous le déguisement que tu avais pris, au moins d’ici à vingt-quatre heures.

— C’est tout ?

— C’est tout.

— Écoute-moi à ton tour, face pâle. J’accepte tes conditions, mais je veux te dire les miennes.

— Parle.

— Je ne rentrerai dans l’hacienda que la plume d’aigle dans ma touffe de guerre, à la tête de mes guerriers, et cela avant que le soleil se soit trois fois