Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/194

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— Ah ! ah ! mais, ajouta-t-il en se reprenant, je bavarde, je bavarde, et je ne remarque pas que vous devez avoir une faim canine ; terminez de manger, nous causerons ensuite.

— Oh ! je puis fort bien répondre tout en mangeant.

— Non, non, chaque chose en son temps ; achevez votre déjeuner, nous vous écouterons ensuite.

Lorsque Louis eut fini de manger, il rendit compte, dans les plus grands détails, de la façon dont il s’était acquitté de sa mission.

— Tout cela est fort bien, dit Belhumeur dès qu’il eut terminé son rapport ; je crois que nous pouvons désormais être rassurés sur le sort de nos compatriotes, surtout avec le secours des quarante peones du capataz, qui prendront l’ennemi entre deux feux.

— Oui, mais où s’embusqueront-ils ?

— Cela regarde la Tête-d’Aigle. Le chef connaît à fond ce pays, il y a longtemps chassé, je suis convaincu qu’il trouvera aux Mexicains un poste convenable ; qu’en dites-vous, chef ?

— Il est facile de se cacher dans la prairie, dit laconiquement l’Indien,

— Oui, observa don Martial ; mais il y a une chose à laquelle vous ne songez pas.

— Laquelle ?

— Je suis un habitant des frontières, habitué de longue main à la tactique indienne ; les Apaches n’arriveront que précédés par un rideau de fumée, la plaine ne sera bientôt qu’une immense nappe de flammes, au milieu de laquelle nous nous débattrons vainement, et qui finira par nous engloutir,