terrain qu’elle considère comme lui appartenant et formant ses territoires de chasse. Les Comanches ont sur les autres Indiens des prairies un avantage immense, avantage qui fait leur force et les rend si terribles aux nations contre lesquelles ils combattent. Grâce au soin qu’ils ont pris de ne jamais boire de liqueurs spiritueuses, ils ont échappé à l’abrutissement général et à la plupart des maladies qui déciment les autres Indiens, et ils se sont conservés vigoureux et intelligents.
Le Moqueur, pas plus que l’Ours-Noir, ne croyait à la durée de l’aliance jurée entre les deux nations : la haine qu’il portait aux Apaches avait d’ailleurs de trop profondes racines pour qu’il le désirât ; mais la fondation de la colonie de Guetzalli par les Français, en établissant en permanence des blancs sur un territoire qu’ils considéraient comme leur appartenant, était une menace trop sérieuse pour les Comanches et les autres indiens bravos, pour qu’ils ne cherchassent pas par tous les moyens à se débarrasser de ces voisins redoutables. Ils avaient donc pour un moment fait taire devant l’intérêt général leurs vieilles rancunes et leurs inimitiés particulières, et s’étaient réunis pour cela, mais pour cela seulement. Il était tacitement convenu entre eux que, les étrangers expulsés, chacun serait libre d’agir à sa guise.
Nous avons vu de quelle façon le Moqueur avait commencé les hostilités ; l’Ours-Noir avait un projet qu’il mûrissait depuis longtemps déjà, sans avoir encore eu en son pouvoir les moyens de le mettre à exécution. Ne sachant où trouver les renseignements nécessaires pour l’expédition qu’il voulait tenter, il