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Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/237

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— Ooah ! mon frère a eu peur du feu, voilà pourquoi il s’est établi sur le fleuve.

— Juste ! vous avez deviné du premier coup, chef, j’ai eu peur du feu.

— Bon, reprit l’Apache avec un sourire railleur qui n’appartenait qu’à lui ; mon frère n’est pas seul ; où est le Gros-Bison ?

— Hein ! le Gros-Bison, je ne le connais pas, chef, je ne sais même point de qui vous voulez parler.

— Tous les visages pâles ont la langue menteuse ; pourquoi mon frère ne dit-il pas la vérité ?

— Je ne demande pas mieux que la dire ; seulement, je ne vous comprends pas.

— L’Ours-Noir est un grand guerrier apache ; il sait parler la langue de sa nation, mais il connaît mal celle des Yoris.

— Ce n’est pas cela que je veux dire ; vous vous exprimez fort bien en castillan ; seulement vous me parlez d’une personne que je ne connais pas.

— Ooah ! serait-il possible ? répondit l’Indien avec un feint étonnement. Mon frère ne connaît-il pas le guerrier avec lequel il se trouvait il y a deux jours ?

— Ah ! j’y suis maintenant ? c’est de don Martial que vous voulez parler ; oui, certes, je le connais.

— Bon, répondit le chef ; je savais bien que je ne me trompais pas ; en ce moment pourquoi mon frère n’est-il pas avec lui ?

— Dame ! probablement parce que je suis ici, fit le lepero en ricanant.

— C’est vrai ; mais comme je suis pressé, moi, et