marchait contre la colonie ; la Tête-d’Aigle avait à cœur d’accomplir sa mission ; et puis le combat qu’il avait soutenu, et dont par un prodige il était sorti vainqueur, lui avait causé une certaine surexcitation qui le poussait à tenter l’aventure jusqu’au bout.
Il prit quelques feuilles pour arrêter le sang d’une blessure légère qu’il avait reçue au bras gauche, les assujettit avec un morceau d’écorce, et poussa de nouveau son cheval dans le fleuve.
Mais, cette fois, comme il n’avait rien à examiner et qu’il tenait à ne pas être découvert, il eut soin de passer à une assez grande distance de l’île.
Sur l’autre bord, grâce au soin pris par les Indiens de tout brûler, la piste était large, parfaitement visible ; malgré les ténèbres, le chef n’eut aucune peine à la suivre.
Le feu mis par les Indiens n’avait pas causé autant de ravages qu’on aurait pu le supposer. Toute cette partie de la prairie, à part quelques bouquets de peupliers disséminés de loin en loin, à de longues distances, n’était couverte que de hautes herbes déjà à moitié brûlées par les chauds rayons du soleil d’été.
Ces herbes sans consistance s’étaient enflammées rapidement en produisant ce que désiraient les incendiaires, c’est-à-dire beaucoup de fumée, mais n’échauffant qu’à peine la terre, ce qui avait permis aux Peaux-Rouges de marcher rapidement sur la colonie.
Grâce à la rapidité vertigineuse de sa course et aux quelques heures que ceux qui le précédaient avaient été contraints de perdre, le chef arriva presque en même temps qu’eux devant l’hacienda,