Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/250

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émotions terribles de ce combat, apparut au-dessus de l’eau, lançant à droite et à gaucbe des regards effarés.

À la vue du cadavre de son ennemi, le vainqueur eut un rire diabolique ; il se dirigea vers lui, le saisit par sa touffe de guerre, et, tout en nageant d’une main, il l’entraîna non pas vers l’île, mais du côté de la terre ferme.

La Tête-d’Aigle avait vaincu l’Apache qui l’avait attaqué d’une façon si imprévue.

Le chef atteignit le rivage, mais il n’abandonna pas le cadavre qu’il continua au contraire à traîner jusqu’à ce qu’il fût complètement hors de l’eau ; alors il lui enleva la chevelure, passa ce hideux trophée à sa ceinture et remonta sur son cheval.

L’Indien avait deviné la tactique des Apaches : l’attaque dont il avait failli être victime lui avait révélé le stratagème qu’ils méditaient ; il était inutile qu’il poussât plus loin son exploration sur l’île. Seulement, comme s’il avait abandonné au courant le cadavre de son ennemi il aurait inévitablement été s’échouer au milieu de ses frères et aurait révélé la présence d’un espion, il avait eu soin de le conduire jusqu’au rivage où personne, à moins d’un hasard impossible, ne le découvrirait avant le lever du soleil.

Les quelques minutes de repos qu’il avait données à son cheval avaient suffi pour lui rendre toute sa vigueur ; le chef aurait pu retourner auprès de ses amis, car ce qu’il avait découvert était pour eux d’une importance immense ; mais Belhumeur lui avait surtout recommandé de s’assurer de la force et de la composition du détachement de guerre qui