Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/262

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les guerriers peaux-rouges bondirent comme des jaguars sur les Apaches, en brandissant leurs casse-têtes et leurs longues lances.

Dans le premier moment, l’Ours-Noir crut que c’était un secours qui lui arrivait, et que la colonie était prise et au pouvoir de ses alliés ; mais cet espoir n’eut que la durée de l’éclair. Alors la démoralisation s’empara des Apaches, le trouble se mit parmi eux ; ils hésitèrent, faiblirent, et tout à coup ils tournèrent le dos et se précipitèrent dans le fleuve en abandonnant sur le terrain plus des deux tiers de leurs compagnons.

Les colons se contentèrent de tirer quelques volées de mitraille sur les fuyards, certains qu’ils n’échapperaient pas à l’embuscade qui leur était tendue.

En effet, bientôt on entendit retentir les fusils des peones mêlés au cri de guerre des Comanches.

Dans cette malheureuse expédition, l’Ours-Noir, en moins d’une heure, avait perdu l’élite des guerriers les plus renommés de sa nation ; le chef, couvert de blessures et accompagné seulement d’une dizaine d’hommes, échappa à grand’peine au massacre.

La victoire des Français était complète. Pour longtemps la colonie, grâce à ce glorieux fait d’armes, se trouvait à l’abri des attaques des Peaux-Rouges.

Lorsque le combat fut terminé, ce fut en vain que l’on chercha partout don Sylva et sa fille ; tous deux avaient disparu sans qu’il fût possible de savoir comment ni de quelle façon.

Cet événement mystérieux, et inexplicable consterna les habitants de la colonie et changea en