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XX

Le Boute-Selle.

Le grand désert del Norte est le Sahara Américain, plus étendu, plus redoutable que le Sahara africain.

Là, pas de riantes oasis ombragées par de beaux arbres et rafraîchies par de jaillissantes fontaines.

Sous un ciel de cuivre jaune s’étendent d’immenses plaines couvertes de sable d’un gris sale ; dans toutes les directions, les horizons succèdent aux horizons ; du sable, toujours du sable ; du sable fin, impalpable, ressemblant plutôt à de la poussière humaine que le vent soulève en longs tourbillons, dont l’aspect désolant varie incessamment au gré de la tempête qui creuse des vallées et élève des montagnes chaque fois que le redoutable cordonnazo bouleverse ce sol déchiré.

Des roches grisâtres, couvertes par places d’un lichen brûlé, montrent parfois leur tête chenue au milieu de ce chaos, qui depuis la création n’a pas changé d’aspect.

Le bison, l’ashata, l’antilope rapide fuient ce désert, où leurs pieds ne poseraient que sur un sol mouvant ; seulement, des vautours à l’œil sanglant et sinistre volent par troupes dans ces régions, en quête d’une proie bien rare ; car ce désert est si horrible que les Indiens eux-mêmes ne s’y hasardent qu’en tremblant, et le traversent avec une vélocité extrême lorsqu’ils regagnent leurs villages après une expédition sur le territoire mexicain ; et cepen-