dant quelle que sit la rapidité de leur course, leur trace reste marquée d’une manière indélébile par les squelettes des mules et des chevaux qu’ils sont contraints d’abandonner, et dont les os blanchissent dans ce lugubre cercueil jusqu’à ce que l’ouragan, de nouveau déchainé, recouvre tout d’un linceul de sable.
Seulement, comme le doigt de Dieu est partout inscrit, au désert surtout plus profondément qu’ailleurs, à de long intervalles, chose étrange ! à demi enfouis dans le sable, au milieu des rochers amoncelés sans ordre, surgissent des arbres vigoureux, au tronc énorme, au feuillage épais, qui semblent offrir au voyageur un repos sous leur ombre.
Mais ces arbres ne verdissent la plaine que fort loin les uns des autres ; jamais ils n’en pousse deux ensemble dans le même endroit.
Ces arbres, vénérés des Indiens et des coureurs des bois, sont la signature de Dieu sur le désert, la preuve de sa sollicitude et de son inépuisable bonté.
Mais, nous le répétons, à part ces quelques jalons perdus comme des points imperceptibles dans l’immensité, il n’y a ni végétaux ni animaux dans le del Norte : du sable, toujours du sable.
La Casa-Grande de Moctecusoma, où campait en ce moment la compagnie franche du comte de Lhorailles, s’élevait et s’élève probablement encore aujourd’hui à l’extrême limite de la prairie, à deux lieues au plus de la lisière du désert.
La ligne de démarcation était nettement et brutalement tirée entre les deux régions.
D’un côté, une végétation luxuriante, riche de force et surabondante de sève ; des plaines ver-