Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/356

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Mexique, notre hôte, en un mot ? mon devoir est de le sauver, je le tenterai, quoi qu’il arrive.

— Puisqu’il en est ainsi, don Sylva, je ne chercherai pas plus longtemps à combattre une résolution si fermement arrêtée. Je ne vous dirai pas que l’homme que vous donnez pour époux à votre fille est un aventurier sans aveu chassé de son pays à cause de sa mauvaise conduite, et qui, dans le mariage qu’il veut contracter, ne voit qu’une chose, la fortune immense que vous possédez. Toutes ces choses et bien d’autres encore, j’aurais beau vous en donner les preuves, vous ne me croiriez pas, car vous ne verriez dans les faits que je mettrais sous vos yeux que l’action d’un rival ; n’en parlons donc plus. Vous voulez entrer dans le désert ; je vous suivrai ; quoi qu’il arrive, vous me trouverez à vos côtés, prêt à vous défendre et à vous aider. Mais puisqu’enfin l’heure des explications franches a sonné, je veux qu’il ne reste plus aucun nuage entre nous ; que vous connaissiez bien l’homme avec lequel vous allez tenter le coup désespéré que vous méditez, afin que vous ayez pleine et entière confiance en lui.

L’haciendero le regarda avec étonnement.

En ce moment, le rideau du réduit où se tenait doña Anita se souleva : la jeune fille parut, elle s’avança lentement dans la salle, s’agenouilla devant son père, et se tournant vers le Tigrero :

— Maintenant, parlez, don Martial, dit-elle ; peut-être mon père me pardonnera-t-il en me voyant implorer ainsi son pardon.

— Votre pardon ? dit l’haciendero, dont les yeux erraient de sa fille à l’homme qui se tenait devant