rait à sa selle, auprès des alforjas, deux petites outres d’eau par surcroît de précaution.
Toutes les mesures étant bien prises, les chevaux et les cavaliers reposés, frais et dispos, le lendemain, au point du jour, la petite troupe se mit en marche dans la direction du désert.
Nous ne dirons rien du voyage, si ce n’est qu’il fut heureux et s’accomplit dans les meilleures conditions ; aucun incident ne vint en troubler la monotone tranquillité.
Les Comanches et leurs amis traversèrent le désert comme un tourbillon, avec cette vertigineuse rapidité dont eux seuls possèdent le secret, et qui les rend si redoutables lorsqu’ils envahissent les frontières mexicaines.
Arrivés dans les prairies de la Sierra de los Comanches, la Têt-d’Aigle ordonna au Moqueur et à ses guerriers de l’attendre dans un camp qu’il établit sur la lisière d’une forêt vierge, dans une vaste clairière, sur les bords d’un ruisseau perdu qui, après un cours de quelques lieues, va se jeter dans le Rio del Norte, et il s’éloigna avec ses deux compagnons.
Le sachem prévoyait tout : bien qu’il eût la plus entière confiance dans le Moqueur, il ne voulait cependant pas, par prudence, lui révéler le gisement du placere ; plus tard, il n’eut qu’à se féliciter d’avoir pris cette mesure.
Les chasseurs piquèrent droit vers les montagnes qui s’élevaient devant eux comme des murailles de granit infranchissables en apparence.
Mais plus ils approchaient, plus les pentes s’adoucissaient ; bientôt ils entrèrent dans une gorge