meurent longtemps encore pour le bonheur des hommes !
— Qu’allons-nous faire ? demanda Louis, la poitrine haletante et les yeux étincelants.
La Tête-d’Aigle seul regardait ces richesses incalculables d’un œil indifférent.
— Hum ! reprit le Canadien, ceci est évidemment notre propriété, puisque le chef nous l’abandonne.
Le sachem fit un signe affirmatif.
— Voici ce que je propose, continua-t-il : nous n’avons pas besoin de cet or, qui, dans ce moment, nous serait plutôt nuisible qu’utile. Cependant, comme nul ne peut prévoir l’avenir, il faut nous en assurer la propriété ; couvrons ce sable de feuilles et de branches, de façon à ce que si le hasard conduit un chasseur sur le sommet d’une de ces montagnes, il ne voie pas briller l’or ; ensuite, avec des pierres que nous amoncellerons, nous boucherons l’entrée du vallon ; il ne faut pas que ce qui est arrivé à la Tête-d’Aigle puisse arriver à un autre. Qu’en pensez-vous ?
— À l’œuvre ! s’écria don Luis. J’ai hâte de ne plus voir scintiller devant mes yeux ce métal diabolique qui me donne le vertige.
— À l’œuvre, donc ! répondit Belhumeur.
Les trois hommes coupèrent alors des branches d’arbres et en formèrent un épais tapis sous lequel le sable aurifère et les pépites disparurent entièrement.
— Ne voulez-vous pas prendre un échantillon de ces pépites ? dit Belhumeur au comte ; peut-être serait-il utile d’en emporter quelques-unes.
— Ma foi, non, répondit celui-ci en haussant les